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  • Photo du rédacteurPassionBallon

Le jour le plus fou de l'histoire de la Ligue 1


Du suspense à tous les étages, des surprises, des buts mémorables et un scénario à couper le souffle : le multiplex de la 38ème journée journée du championnat 2007-2008 est resté dans les annales, considéré comme beaucoup comme le jour le plus fou de l'histoire de la Ligue 1. Vous n'avez pas vécu ce moment ou ne vous en rappelez plus ? Respirez, accrochez-vous et plongez-vous au coeur de la Ligue 1 des années 2000.



C’était une autre époque. Celle où Paris luttait pour se maintenir, où Nancy visait la Ligue des Champions et où Bordeaux était en embuscade pour le titre. Celle où la Ligue 1 était sponsorisée par Orange, et où Canal + était le seul diffuseur. Celle où les stars se nommaient Karim Benzema, Mamadou Niang ou Pauleta. Si vous ne suiviez pas le foot à l’époque, tout va vous paraître absurde et démesuré au sein de cet article. Car aujourd’hui, tout ou presque a changé, sauf le FC Metz qui faisait – déjà – l’ascenseur. Déjà condamnés depuis de longues semaines, les Grenats n’occupent qu’une place marginale dans le récit de cette folle soirée de mai 2008, qui restera à tout jamais gravé dans l’histoire de la Ligue 1.


Du suspense à tous les étages


2007-2008, c’est l’époque du grand Lyon. Celui qui écrase habituellement le championnat mais qui pêche sur la scène européenne. Habitué à célébrer son titre dès le mois d’avril, l’OL a cette fois-ci plus de mal et tremble jusqu’au bout, talonné par un outsider très solide : le Bordeaux de Laurent Blanc. La lutte pour le titre sera intense, mais Lyon compte deux points de plus et se déplace à Auxerre déjà en vacances quand Bordeaux rend visite à des Lensois qui jouent leur survie. Derrière, la surprise Nancy doit valider son ticket pour une historique troisième place en battant Rennes à domicile. Une formalité pour les hommes de Pablo Correa croit-on alors, puisque ces derniers demeurent invaincus à Marcel-Picot. Mais les Nancéiens restent sous la pression de Marseille qui ne doit faire qu’une bouchée d’un RC Strasbourg déjà en Ligue 2.


Pour un multiplex de folie, il faut de l’enjeu à tous les étages. Et celui-ci ne déroge aucunement à la règle. Saint-Étienne (qui accueille Monaco), Lille (à Lorient) et Rennes (à Nancy) se livrent une bataille à trois pour les strapontins permettant de se qualifier en Coupe de l’UEFA. Enfin, la lutte qui retient le plus d’attention et qui fera de ce multiplex un moment marquant du football français est celle du maintien. En effet, elle met aux prises trois monuments qui ont marqué la Ligue 1 des années 2000. Toulouse, épatant troisième la saison précédente, est au bord du précipice à l’heure de recevoir Valenciennes. Lens, sixième en 2006-2007, tremble à l’heure d’accueillir un Bordeaux déterminé à mettre fin à l’hégémonie lyonnaise. Surtout, le Paris-Saint-Germain n’a jamais été aussi proche de descendre en Ligue 2. Conduits par Paul Le Guen, les Parisiens jouent le dernier match d’une saison éprouvante à Sochaux, et sont condamnés au miracle. La présentation est établie, et les quatre-vingt-dix minutes les plus folles de notre championnat peuvent démarrer.


"Quatre-vingt-quinze minutes de bonheur en plus"


Le supporter devant son canapé parti chercher une bière au coup d’envoi est trompé, le retardataire à l’Abbé-Deschamps dévasté. Après seulement vingt-quatre secondes de jeu, un pointu de Benzema déclenche les cris de Grégoire Margotton et de milliers du supporters lyonnais. L’OL tue le suspense et semble filer tout droit vers son septième titre consécutif, d’autant que Fred double la mise dans la foulée (0-2). Ça commence fort, et ce n’est pas près de s’arrêter. Statu quo juste derrière, puisque Nancy et Marseille ouvrent le score au même moment. Bafé Gomis plante un doublé en trois minutes pour Sainté, et un coup-franc de Jérémy Mathieu libère le Stadium. En dix minutes, le jingle-but de Canal + a déjà retenti à huit reprises.





Le Stade Marcel-Picot exulte deux fois dans les instants qui suivent. Le tableau d’affichage reste bloqué à 1-0, mais les Lorrains fêtent les deux buts inscrits par Strasbourg au Vélodrome. Le deuxième, œuvre d’un certain Kevin Gameiro, permet à Nancy de prendre virtuellement quatre points d’avance sur l’OM. Et le bas de tableau ? Toulouse se fait rejoindre par Valenciennes (1-1), alors qu’Amara Diané vient donner l’avantage au PSG à la 22ème (0-1). La place du con est occupée par Lens, toujours incapable d’ouvrir le score face aux Girondins. La frustration des Ch’tis est partagée par celle de Nancy, qui voit fondre son avance sur Marseille en dix minutes. L’ASNL concède l’égalisation par Stéphane M’Bia (1-1), puis apprend que ce bon vieux Djibril Cissé vient d’égaliser pour Marseille (2-2). À la pause, Lyon est champion, la troisième place de Nancy ne tient qu’à un fil, Saint-Étienne et Lille sont en C3 et Lens en Ligue 2. Dix-neuf buts ont été marqués pour l’instant, dans une soirée qui reste encore et toujours indécise.


Ce qui devait être une fête se transforme en véritable cauchemar pour les Nancéiens. D’abord, les Lorrains encaissent un but de l’inusable Micka Pagis qui met les Rennais sur de bons rails pour retrouver la Coupe d’Europe (1-2). Surtout, Samir Nasri permet dans le même temps à Marseille de mener face à Strasbourg pour son dernier match au Vélodrome (3-2). En deux minutes, les coéquipiers de Youssouf Hadji voient leur rêve de C1 s’envoler. L’égalisation d’André Luiz n’y change rien, puisque dans la foulée Pagis marque à nouveau (2-3). Un but salvateur pour Rennes, puisque dans le même temps Lille, qui était mené à Lorient, égalise par Michel Bastos (1-1). Entre temps, Kallström met définitivement fin au suspense pour le titre en donnant trois buts d’avance aux siens (0-3).



Pourtant, la presse nancéienne y croyait...


Dans une soirée, il y a toujours des temps faibles. Des moments d’hésitation, de fatigue et de trouble qui affectent les dix pelouses de Ligue 1 en ce samedi 17 mai, et qui voient les buteurs muets l’espace de sept minutes. L’occasion pour Éric Besnard de souffler sur le plateau du Multifoot, après avoir annoncé cinq buts entre les 55èmeet 57èmeminutes. L’oc-casion pour les téléspectateurs d’aller chercher une autre bière avant un money-time qui s’annonce époustouflant, et l’occasion pour nous de rappeler les situations à vingt-cinq minutes de la fin. Si Lyon est champion de France, Marseille a inversé la tendance et est désormais troisième avec deux points d’avance sur Nancy. Sainté mène 3-0 face à Monaco et s’apprête à redécouvrir l’Europe, accompagné par des Rennais qui signent pour le moment l’exploit de la soirée. En bas, Lens est en Ligue 2, mais tout peut aller très vite.


Hélas, tout ne va pas dans le sens des Artois ce soir. Après avoir manqué plusieurs grosses occasions, les Sang et Or encaissent un but de renard inscrit par Fernando Cavenaghi. Bordeaux sait qu’il ne sera pas champion, mais il souhaite finir la saison en beauté. Lens reprend néanmoins espoir en fêtant l’égalisation d’Olivier Monterrubio sur penalty (1-1). Les Lensois sont en apnée, puisque leur destin dépend des résultats de Toulouse et Paris. Toujours tenu en échec au Stadium, le Téfécé est à égalité de points avec Lens et ne doit sa place en Ligue 1 qu’à une différence de buts supérieure. Pendant ce temps-là, Strasbourg joue crânement sa chance et jette un nouveau coup de froid sur le Vélodrome en égalisant (3-3). C’est l’heure que choisit le doubiste Guirane N’Daw pour égaliser, et plonger le PSG dans une situation toujours plus précaire (1-1). À la 74èmeminute, la situation n’a jamais été aussi serrée en bas : les trois équipes sont tenues en échec sur le même score, et sont chacune en danger. Lens et Toulouse ont 40 points, Paris 41 à un quart d’heure de la fin.


Pantxi Sirieix libère le Téfécé (La Dépêche)

Les statisticiens, qui tentent d’y voir clair dans ce joyeux bazar, s’arrachent les cheveux. Alors que tout semblait figé en bas, Pantxi Sirieix libère un Stadium plein comme un œuf une minute après le but sochalien (2-1). L’année précédente, Élie Baup exultait après la quali-fication en C1, il fête désormais ce but qui scelle probablement le maintien de son équipe. Valenciennes, entrainé par Antoine Kombouaré, n’a plus rien à jouer et n’a pas l’envie nécessaire pour rivaliser avec des Toulousains surmotivés. Le maintien se jouera entre Paris et Lens. Comme un symbole, cette affiche fut celle de la finale de Coupe de la Ligue quelques semaines plus tôt, ponctuée par une victoire du PSG et une banderole anti-ch’tis. Bien loin des préoccupations parisiennes et lensoises, Djibril Cissé marque encore et permet à l’OM de s’installer définitivement sur le podium (4-3).

C’est alors qu’intervient la minute la plus cruelle et la plus dramatique de ce multiplex : la 82ème. À Lens, où la situation est déjà extrêmement tendue, David Bellion redonne l’avantage à Bordeaux (1-2). Le président Gervais Martel, l’entraineur Jean-Pierre Papin et l’ensemble du peuple lensois savent qu’il faut désormais marquer à deux reprises pour espérer se sauver en Ligue 1. Mais cet espoir sera de courte durée. Une poignée de secondes plus tard, Amara Diané glisse le ballon sous le ventre de Teddy Richert, et permet au Paris-Saint-Germain de faire un immense pas vers le maintien (1-2). Lens a beau réagir une nouvelle fois par Maoulida (2-2), les Nordistes doivent à tout prix marquer et compter sur une égalisation sochalienne. Improbable en moins de dix minutes. Le miracle ne se produira pas, et les trois coups de sifflet de Tony Chapron sont éclipsés par les injures et sifflements des 41 000 supporters lensois. Après dix-sept ans passés dans l’élite, le RCL est relégué en Ligue 2 avec un effectif taillé pour jouer l’Europe et des joueurs comme Eric Carrière, Loïc Rémy ou Aruna Dindane.


La détresse des supporters lensois relégués en Ligue 2 (Wikipédia)

Comme prévu, Lyon est sacré champion de France sans trembler à Auxerre. Bordeaux finit deuxième, devançant Marseille qui a remporté son mano-a-mano avec Nancy. L’ASSE retrouve la Coupe d’Europe vingt-cinq ans après, accompagné de Rennes qui a gagné son pari. Lille, incapable de gagner à Lorient, reste sur le tapis. Enfin, Lens tombe en Ligue 2 au terme d’une soirée qui a vu Toulouse et le PSG trembler jusqu’au bout.


L’épilogue dramatique d’une soirée qui laissera à jamais des traces chez les clubs concernés. Aujourd’hui encore, Lens ne semble toujours pas s’être remis de cette relégation inattendue, et éprouve toutes les difficultés du monde à enchaîner les saisons en Ligue 1. Paris ne serait peut-être pas le rouleau compresseur qu’il est devenu si Amara Diané n’avait pas surgi par deux fois à Bonal. Avant-dernier de Ligue 2 à l’heure actuelle, Nancy aurait sans doute pu conserver ses cadres et surfer sur son incroyable dynamique en cas de qualification pour la Ligue des Champions. Autant de questions qui font de ce samedi 17 mai un soir mythique dans l’histoire du championnat de France. Un soir où 43 buts furent inscrits, et où Monaco fut la seule équipe à rester muette. Un soir où les matchs sans enjeux, Metz - Le Mans et Nice - Caen, ont accouché de magnifiques 4-3 et 3-1. Un soir où les jeunots Pjanic, Gomis, Gameiro, Nasri et Benzema y allaient de leur but. Un soir où le temps s’est arrêté l’espace de quatre-vingt-quinze, permettant à chaque fan de foot de prendre son pied.

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