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Rétro : Quand Bordeaux faisait trembler l'Europe


Emmenés par Laurent Blanc, les Girondins de Bordeaux cuvée 2009-2010 écrivaient l’une des plus belles pages de l’histoire du club, atteignant les quarts de finale de Ligue des Champions après avoir fait trembler une bonne partie de l’Europe.


Alou Diarra face à Giovinco et la Juve (Eurosport)


« Le tirage ne me plaît que s’il y a qualification au bout. C’est quelque chose de corsé, car ils représentent une opposition costaud après avoir éliminé de grandes équipes en phase de poules ». À le lecture de ces lignes, on peut penser au premier abord que Claude Puel, alors entraîneur de Lyon, évoque une double-confrontation contre le FC Barcelone, le Bayern Munich ou Manchester United. Détrompez-vous, car l’adversaire tant redouté par l’actuel coach de Leicester est bien les Girondins de Bordeaux, contre qui son OL disputa en avril 2010 un quart de finale aussi beau qu’inédit. Alors qu’une telle affiche à un tel niveau semble aujourd’hui plus qu’improbable, retour sur l’une des plus belles épopées du football français des dix dernières années.


Le Bayern et la Juve ? Même pas peur !


« À nous de jouer les troubles-fêtes et de bousculer les pronostics ». Au moment du tirage au sort des phases de poules de la Ligue des Champions, Laurent Blanc ne se fait guère d’illusions. Même si son Bordeaux a été sacré champion de France quelques semaines plus tôt, la perspective de voir le Bayern Munich, la Juventus Turin et le Maccabi Haïfa débarquer à Chaban-Delmas semble inquiéter Le Président. Et pour cause, les deux premiers cités représentent les plus grands traumatismes de l’histoire européenne du club. Le club bavarois avait en effet été le bourreau des Girondins en 1996 en finale de Coupe de l’UEFA, quand les Turinois avaient mis fin au rêve bordelais en demi-finale de Coupe des Champions en 1985 (3-0, 0-2). La tâche s’annonce d’autant plus compliquée que Bordeaux avait échoué à s’extraire d’un groupe relativement similaire l’année précédente (troisième derrière Chelsea et la Roma, et devant Cluj), et n’a plus joué la phase finale de la C1 depuis… 1988.



L'équipe type (avec Cavenaghi, Gouffran, Jussiê et tant d'autres sur le banc)


Côté mercato, les Marines et Blancs renforcent timidement un effectif déjà solide. Élu meilleur joueur de Ligue 1, Yoann Gourcuff s’engage définitivement en Gironde. Carrasso remplace un Ulrich Ramé usé dans la cage, quand Ciani est amené à palier le départ de « Souley » Diawara à l’OM. Enfin, Jaroslav Plasil vient densifier le milieu sans savoir qu’il va passer une décennie sur les bords de la Garonne. Le début de saison est idyllique, et Bordeaux semble marcher sur les traces de la saison précédentes. Le Trophée des Champions ? Remporté 2-0, face à Guingamp. Le record de victoires consécutives en championnat ? Pulvérisé, après trois succès pour commencer la saison. Tout roule pour les hommes de Laurent Blanc, qui entament leur campagne européenne pleins d’espoirs avec un maillot new-look, arborant des rayures rouges et blanches façon Atlético Madrid. Et ce tour d’Europe, c’est à Turin qu’il démarre. Chez une Juve qui joue encore au Stade Olympique et qui aligne Fabio Cannavaro, Jonathan Zebina et David Trézéguet, les Bordelais se montrent pragmatiques, peu flamboyants, mais ramènent un point précieux suite à une égalisation de « Jaro » Plasil à un quart d’heure de la fin (1-1). De quoi se mettre en confiance avant la réception du Maccabi Haïfa, dont les Girondins ignorent tout ou presque. Si tout ne se passe pas comme prévu, les trois points sont assurés grâce à un coup de boule de Ciani en fin de match. Après deux journées, les Bordelais ont quatre points et sont dans le coup pour la qualif’.


Le Bayern est alors de retour treize ans après la finale de Coupe UEFA dans un Chaban gonflé à bloc et sous les caméras de TF1. Co-leader avec Bordeaux, les Allemands viennent au complet en Gironde pour faire un coup et se rapprocher des huitièmes de finale. Leur mission démarre bien, puisque Michaël Ciani dévisse totalement son dégagement et offre l’avantage aux visiteurs dès la 6è. Mais l’ex-Lorientais se rattrape quelques minutes plus tard, inscrivant une madjer totalement folle qui trompe Butt. Le match s’emballe quand Planus, l’enfant du club, inscrit un deuxième but sur coup-franc. Bordeaux rate ensuite deux penalties par Jussiê et Gourcuff, alors que le jeune Thomas Müller se fait expulser. Malgré une ultime frayeur, le score ne bouge pas et les Girondins obtiennent un succès de prestige à domicile (2-1).



Mais le meilleur reste à venir deux semaines plus tard, lors de la manche retour à l’Allianz Arena. Pas au mieux en championnat, le Bayern est troisième de la poule et doit gagner pour ne pas être distancé. Malgré de nombreuses situations chaudes, Gourcuff ouvre le score d’une belle tête. Les Allemands dominent, mais Carrasso est en grande réussite et Marouane Chamakh crucifie la défense dans les arrêts de jeu pour offrir les trois points à son club formateur. Vous ne rêvez pas : après quatre journées, Bordeaux compte dix points et a quasiment assuré sa qualification pour le prochain tour. Le doute ne sera plus permis après une nouvelle victoire face à la Juventus (2-0). C’est mathématique, le printemps des Girondins sera européen, et la première place est même assurée avant la sixième journée. Un luxe non négligeable pour le club au Scapulaire, qui envoie une équipe bis découvrir les joies de Tel-Aviv et ramener un succès pour du beurre (1-0) pendant que les deux ogres s’entre-tuent à Turin. Avec 16 points au total, Bordeaux est la meilleure équipe de la phase de poules de Ligue des Champions, est n’est pas loin d’être craint par tous ses adversaires potentiels.


Tout casser chez Jean-Michel ?


Entre Stuttgart, l’Olympiakos, l’Inter, le Milan, Porto et le CSKA, ce sont les Grecs qui tirent le gros lot et affrontent les Girondins. Abordable sur le papier, cette rencontre a tout du match piège pour le club français. Bordeaux est certes moins bien en championnat, mais il reste favori avant la double-confrontation. Un nouveau but de Ciani - meilleur buteur du club en C1 - permet aux Marines et Blancs de prendre l’avantage au Pirée, au cours d’un match pourtant dominé par l’Olympiakos (0-1). Le plus dur étant fait, il ne reste qu’à bonifier ce succès à domicile. Même si Gourcuff inscrit un coup-franc direct génial en début de match, le jeune Kostas Mitroglou prouve qu’il peut être un futur grand buteur en égalisant. Le match se tend, et Alou Diarra prend deux biscottes coup sur coup. Sans son capitaine, Bordeaux souffre et est à un but de l’élimination, mais se rassure sur un énième coup de tête de Chamakh (2-1). Les hommes de Laurent Blanc exultent, et joueront les quarts de finale. Ceux qui avaient encore des doutes sont prévenus : ce Bordeaux, c’est du solide. En quarts, le président Triaud souhaite affronter Arsenal, Barcelone ou Manchester United, même s’il rêve secrètement de refaire le coup face au Bayern. Point de Camp Nou ou d’Old Trafford pour lui et son équipe, mais bien une loge partagée avec Jean-Michel Aulas. Pour un match historique, un meilleur cadre aurait été souhaitable, mais qu’importe, cela reste un quart de finale de Ligue des Champions et une affiche inédite en Coupe d’Europe.



Allez expliquer à un jeune de 12 ans que Bordeaux-Lyon était une affiche européenne... (Le Vestiaire du Sport)


Vexé d’avoir perdu son titre de champion de France au profit des Girondins, l’OL souhaite se venger en passant enfin le cap des quarts de finale. Après avoir fait tomber le Real Madrid sur un but de Jean II Makoun, les Gones accueillent leurs adversaires dans un stade Gerland plein à craquer. Les supporters lyonnais exultent une première fois lorsque Lisandro ouvre le score, mais sont vite refroidis par l’égalisation de Chamakh au quart d’heure de jeu. Le match est ouvert, et Bordeaux craque une deuxième fois sur une grosse frappe de Michel Bastos. Alors qu’ils sont sur le point de ramener une courte défaite qui n’aurait rien de rédhibitoire avant le retour, les hommes de Laurent Blanc craquent une troisième fois sur une main malheureuse et polémique de Mathieu Chalmé. « Licha » transforme le péno (3-1), et permet à Lyon d’aborder sereinement son déplacement en Gironde une semaine plus tard.


Entre temps, Bordeaux est surpris par Nancy à domicile en championnat, alors que l’OL enchaîne à Rennes. Les statistiques et la forme penchent en la faveur des Lyonnais, mais les Marines et Blancs ont montré auparavant que la vérité ne se joue que sur le terrain. Le rythme est infernal, les Lyonnais sont arc-boutés en défense mais résistent à l’enthousiasme girondin. Alou Diarra tape la barre, quand Hugo Lloris rappelle à deux mois du Mondial sud-africain que le patron, c’est lui. Juste avant la mi-temps, Chamakh parvient enfin à tromper l’ancien Niçois, et Bordeaux regagne les vestiaires en ayant fait la moitié du chemin. La seconde période démarre sur le même rythme que la première, mais ni Sané, ni Gourcuff, ni Cavenaghi ne réussissent à doubler la mise. Quand Lloris stoppe miraculeusement une dernière tête de Wendel, les supporters bordelais comprennent que la formidable aventure s’arrête le 7 avril aux portes du dernier carré. La déception est palpable, d’autant que l’OL prive les Girondins d’un acte II face au Bayern.




Si les Lyonnais cèdent face à des Munichois retrouvés (1-0, 0-3), ils ont enfin vaincu le signe indien et montrent qu’ils restent l’une des meilleures équipes européennes. De son côté, Bordeaux a du mal à se remettre de la claque, et ses retrouvailles avec Lyon dix jours plus tard en championnat ne sont guère plus concluantes (2-2). Un nul qui enterre sans doute définitivement les espoirs de titre pour une équipe qui, battue en finale de Coupe de la Ligue par Marseille, a tout perdu en deux semaines. Bordeaux finit sixième, loupant d’un cheveu la qualification pour la Ligue Europa. Laurent Blanc s’en va pour l’Équipe de France, Gourcuff cède aux sirènes des bourreaux lyonnais quand Chamakh rejoint libre Arsenal.


Si les causes de cette fin de saison gâchée pourraient faire l’objet d’une explication complète, l’analyse de cette saison 2009-2010 des Girondins de Bordeaux est rétrospectivement d’autant plus frustrante pour un supporter qu’elle mélange tous les sentiments possibles : fierté, joie, déception et colère. Sans doute un peu de nostalgie, aussi, puisqu’on est sans doute très loin de revivre une telle épopée. En effet, l’hymne de la Ligue des Champions n’a plus retenti sur les bords de la Garonne depuis ce fameux 7 avril. Et la dernière fois que Bordeaux a accueilli un match de Coupe d’Europe, l’équipe arborait un maillot violet, et 6 000 irréductibles peuplaient le Matmut Atlantique pour voir Koundé (11 ans en 2010) crucifier le Slavia Prague. Neuf ans, ça commence à faire long.

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