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Tremble Ligue 2, Béziers arrive.

Connue pour son engouement pour le rugby, la ville de Béziers va compter la saison prochaine un nouveau club professionnel : l’Avenir Sportif Béziers, équipe de football. Béziers, ou comment le ballon rond tente de se frayer un chemin sur les terres du ballon ovale.


Pierre Saliba, Midi Libre

Du Stade de France à la relégation en National 2 en trois jours : la fin tragique du conte de fée vécu par Les Herbiers en ce mois de mai 2018 a fait le tour des médias français. Suite à une défaite 4-1 à Béziers combinée à une victoire de l’Entente SSG à Grenoble et aux nuls de Cholet et Pau, le club vendéen a été contraint de redescendre d’un échelon. Comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, les Biterrois profitent de cette victoire pour accéder in extremis à la Ligue 2. Béziers, terre de rugby, va concourir avec des terres de football comme Lens ou Auxerre la saison prochaine.


Plus de foot pro depuis près de 30 ans !

Si vous avez connu le football des années 1970, voir Béziers en Ligue 2 n’a rien d’improbable. L’Association Sportive de Béziers a joué quarante ans dans l’antichambre de l’élite, entre 1933 et 1987, se permettant même une parenthèse d’un an en Première Division en 1957-1958. Mais depuis sa liquidation en 1990, le club n’a jamais retrouvé sa gloire d’antan, voyant le voisin montpelliérain émerger sans aucune concurrence locale. Suite à la liquidation, l’AS Béziers est dissoute, et laisse le football biterrois vierge de club d’envergure. Pendant plus de quinze ans, plusieurs clubs locaux sont en concurrence pour obtenir le monopole de la ville. Voyant l’impossibilité d’une telle compétition dans une cité d’à peine 75 000 âmes, trois d’entre eux (l’AS Saint-Chinian, le FC Béziers et et le Béziers Football-Cheminots) fusionnent en 2007, donnant naissance à l’Avenir Sportif Béziers. Le club commence en CFA 2, et malgré une première descente en DH, gravit les échelons très rapidement : montée en CFA 2 en 2009, montée en CFA en 2010 puis en National en 2015. C’est donc après deux saisons dans le bas de tableau de la troisième division que le club parvient à monter en Ligue 2 pour la première fois de son histoire.


Pas vraiment attendue (l’effectif a été en grande partie renouvelé cette été avec des recrues en provenance de National 2), cette montée n’est pour autant pas vue comme un cadeau empoisonné par le club. Et pour cause, le quatorzième budget (sur 17) de National 1 ne compte pas faire de la figuration en Ligue 2. De 1,7 M€ cette année, le budget augmentera significativement. Si aucune donnée n’a encore été dévoilée, les caisses de l’ASB seront renflouées par les quelques 4 M€ de droits TV relatives à la diffusion hebdomadaires sur les antennes de Canal + et Bein Sports. Si Béziers compte profiter de ces retombées économiques pour investir sportivement, le plus gros chantier va concerner les infrastructures.


Entre problèmes d'infrastructures et cohabitation difficile



Cette saison, l’Avenir Sportif évoluait au Stade de Sauclières (12 000 places). Seulement, cette enceinte quasi-centenaire (utilisée depuis 1920) est vétuste, et ses virages sont inaccessibles au public (voir photo). Forcément, cette vétusté rend les Sauclières incompatibles avec les normes de l’intransigeante LFP. Pour s’éviter un destin similaire à celui de Luzenac, les dirigeants du club biterrois ont fait le pari de s’installer dans le plus grand stade de la ville, le Stade de la Méditerranée. Habituellement occupée par le club de rugby local (l’AS Béziers Hérault, en seconde division mais 11 fois champion de France), cette enceinte de 18 500 places va subir un nouveau lifting afin d’être en capacité de recevoir des matchs de Ligue 2. La mairie a ainsi investi près de 500 000 € dans des travaux débuteront prochainement, afin d’être finalisés début août pour le premier match de championnat, avec en ligne de mire l’instauration d’un parcage visiteurs, d’un vestiaire pour les arbitres, d’un système de vidéo-surveillance et d’une nouvelle pelouse.



Le Stade de Sauclières, pas aux normes de la Ligue 2


Si les clubs de football et de rugby sont actuellement en bons termes, leur cohabitation (qui pourrait se prolonger si l’ASB parvenait à se stabiliser dans le monde pro) ne s’annonce pas facile. L’Avenir Sportif jouera la majorité de ses matchs de Ligue 2 le vendredi soir, tout comme l’ASBH en Pro D2. Ces doublons ont souvent eu lieu cette année à Grenoble ou à Pau, mais dans les deux cas le club de rugby avait la priorité, car évoluant en division supérieure. Pour la saison 2018-2019, c’est bien l’ASB qui sera désigné prioritaire à la Méditerranée, suivant un accord national privilégiant l’utilisation d’un stade communal au football par rapport à n’importe quel autre sport dès lors que les deux clubs concernés évoluent au même échelon (deuxième division en l’occurence).


Une situation qui ne manquera sans doute pas d’irriter les dirigeants de l’ASBH, pourtant seul locataire du stade depuis sa construction en 1989, d’autant qu’avec cette priorité, le club de rugby devra libérer l’enceinte 72 heures avant chaque rencontre de football. Ce litige est d’autant plus problématique que l’AS Béziers Hérault a récemment construit une salle de musculation privée et des vestiaires personnalisés au nom de chaque joueur. À l'inverse, les structures d'entrainement et de formation du club de football resteront aux Sauclières, afin d'être en mesure d'accueillir les quelque 700 licenciés (ce qui en fait le champion en la matière dans la région Occitanie). Pour limiter la casse, les deux clubs ont tout intérêt à demander aux instances respectives des calendrier aménagés, quitte à jouer le jeudi soir pour le rugby ou le lundi soir pour le football. Et encore, le problème de l’état de la pelouse sera forcément d’actualité, notamment en hiver…


Principale source d’interrogation dans toutes les villes où le football est talonné par un autre sport, l’affluence du Stade de la Méditerranée sera scrutée de près la saison prochaine. Il s’agira alors d’un grand défi pour le club, d’autant que même l’ASBH peine à remplir les 18 500 places. L’ASB y avait disputé quelques matchs de National 1 lors de la saison 2015-2016, avec un pic à 2 500 spectateurs pour la venue de Strasbourg. Un chiffre loin d’être impressionnant, mais à relativiser avec le niveau. Joint par téléphone, le club se veut confiant quand à l’affluence à venir la saison prochaine. La volonté de créer un public fidèle est prônée, et peut s’appuyer sur l’exemple des heures de gloire de l’ASB : le club remplissait très souvent le Stade de Sauclières, s’appuyant sur des supporters venant de Béziers mais également de toute la région, jusqu’à Narbonne ou Perpignan. Ce même stade était d’ailleurs bien rempli pour le match de la montée face aux Herbiers. Surtout, l’Avenir Sportif peut compter sur le soutien d’un personnage très médiatique : le maire Robert Ménard.


Un soutien municipal mais...

Le maire de 65 ans, sans étiquette mais proche du Front National s’est réjoui à plusieurs reprises de la montée du club sur son compte Twitter, s’immisçant même dans le vestiaire pour célébrer l’exploit. Son engouement le poussa à convoquer un rassemblement sur la place de la mairie, pour célébrer les héros. Outre ce coup d’éclat que d’aucuns qualifieront de coup médiatique, le voisinage parfois difficile entre club sportif et mairie FN se déroule ici sans encombre. Alors que Robert Ménard s’est montré à plusieurs reprises hostile à la subvention d’associations, il se veut beaucoup plus clément en matière de financement de clubs de sport (contrairement à Beaucaire ou Mantes-la-Ville, autres mairies frontistes). Le club avait perçu 250 000 € en 2015, ce qui est relativement conforme à ce que touchent les autres écuries qui jouent à ce niveau.


Pour autant, la question des subventions risque d’alimenter le débat public de la ville de Béziers durant quelques temps. En couvrant entièrement les travaux du Stade de la Méditerranée, la mairie a déversé une somme considérable pour des infrastructures sportives. La réussite des différentes équipes biterroises (montée en Ligue 2 donc, mais également champion de France de volley féminin et montée en puissance de l’équipe de rugby) risque d’entrainer des augmentations de demandes de subventions, qui seraient légitimes. Le problème, c’est que la ville de Béziers est loin d’avoir des ressources financières inépuisables. La cité est située dans une zone très pauvre, avec un taux de chômage deux fois plus élevé que la moyenne nationale (Insee), et près de 30% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Dans ces conditions, difficile de trouver des fonds pour accorder de nouveaux revenus aux clubs sportifs. Difficile également pour ces clubs (l’ASB en tête) de trouver des sponsors adéquats pour tenter de grandir économiquement. Cela fera partie des principaux enjeux autour de la montée de l’AS Béziers. Le club sait quels défis l’attendent pour se stabiliser dans le monde du football professionnel, tout en rêvant secrètement d’une double-promotion, à l’image de Strasbourg ou d’Amiens, pour retrouver l’élite 62 ans après.




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