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Huesca, un nouvel ovni parmi les mastodontes

En obtenant sa montée en Liga cette saison, le club de Huesca va jouer parmi l’élite pour la première fois de son histoire. Portrait d’un club familial qui fera à n’en pas douter figure d’ovni dans un championnat dominé par des mastodontes.





C’est un constat partagé par de nombreux experts du football espagnol. Ces dernières années, la Liga se montre de plus en plus accueillante pour les équipes novices à ce niveau. Eibar, Leganés ou Girona sont autant de clubs ayant découvert l’élite ces dernières années. Disposant de faibles moyens économiques et structuraux (leurs stades respectifs comptent moins de 10 000 places), ces clubs se sont tous maintenus en Liga. À ces trois curiosités du football espagnol peut être ajoutée une quatrième : la SD Huesca, promu au mois de mai. Et si Eibar, Leganés et Girona sont situés dans les trois bassins économiques les plus importants du Royaume (Pays Basque, Madrid et Catalogne), Huesca se trouve isolée en plein Aragon, aux portes des Pyrénées.


Un contexte économique difficile

Si l’Aragon est la cinquième communauté autonome d’Espagne par son PIB, il s’agit dans les faits d’une région en trompe l’oeil. En effet, outre la métropole de Saragosse (quatrième ville du pays derrière Madrid, Barcelone et Valence), la région sonne creux. La capitale compte 700 000 habitants, regroupant la moitié de la population aragonaise. Les chiffres sont éloquents : la deuxième ville de la région, Huesca, ne compte que 50 000 habitants. Une différence ahurissante, due à plusieurs facteurs (exode rural notamment), qui rend l’exploit de la SD Huesca d’autant plus grand. Comme bon nombre de villes périphériques espagnoles, Huesca semble livrée à elle-même, et subit de plein fouet les conséquences de la crise des subprimes. L’exemple le plus frappant est celui de l’aéroport. Construit juste avant la crise, sa durée de vie n’aura été que de quelques années, puisqu’il fut contraint de fermer ses portes en 2014. Cet « aéroport-fantôme », pensé pour accueillir les skieurs de toute l’Europe (Huesca n’est situé qu’à une demi-heure des premières stations), fut un réel fiasco, et est loin d’être un cas isolé dans le pays. Si Huesca est souvent présentée comme la « ville du plein-emploi » (seulement 8% de chômage), l’activité y reste limitée.


Dans un tel contexte économique, difficile de poursuivre son développement sportif pour espérer atteindre une Liga de plus en plus relevée. Difficile aussi de s’attirer des partenaires et sponsors financiers, indispensable pour n’importe quel club souhaitant grandir. Alors Huesca a construit son ascension petit à petit, en passant par toutes les étapes régionales, jusqu’à atteindre la deuxième division en 2008. Après plusieurs années passées dans le ventre mou de la Segunda Division (plus deux ans en Segunda B), le club connait une première gloire l’année dernière, en atteignant les play-offs pour la montée en Liga. Malgré la défaite contre Getafe en demi-finale, le club a su bien se restructurer sportivement pour faire de cet exploit une rampe de lancement vers la Liga. Un pari réussi, puisque la SD Huesca a fini cette saison à la deuxième place, gagnant donc son ticket pour l’élite. Pour sa première saison en tant qu’entraîneur, Rubi a répondu présent, au point d’obtenir un poste à l’Espanyol. Déjà l’an dernier, le coach José Antonio Anquela avait quitté le club pour le Real Oviedo malgré la sixième place. Ces deux exemples montrent bien la dimension dans laquelle évolue Huesca, et le peu de moyens mis à disposition pour conserver les éléments clés. Le budget est minuscule, (à peine 5 millions d’euros), ce qui en fait le dix-huitième de la division. À titre de comparaison, c’est aussi moins que les vingt clubs de notre Ligue 2.


Un manque d'infrastructures compensé par un développement intensif


El Alcoraz, enceinte petite mais en pleine rénovation


Vous l’aurez compris, le club aragonais se situera parmi les clubs les plus modestes de Liga la saison prochaine. Un statut parfaitement assumé, et qui se reflète également à la vue des infrastructures dont il dispose. Son stade, El Alcoraz, compte seulement 5 500 places. Loin, très loin d'infrastructures comme le Camp Nou, Santiago Bernabeu ou le Wanda Metropolitano, que les joueurs oscences visiteront l'an prochain. Malgré sa taille réduite, cette enceinte est un symbole de la nouvelle sphère que tente d’atteindre Huesca. Un projet d’agrandissement pour faire passer la stade à près de 8 000 places a été présenté, et le club a investi dans de nouveaux centres d’entraînement privés (les terrains actuels sont loués à la mairie). Huesca avance à son rythme, tranquillement, et privilégie un modèle économique familial.


Ainsi, le club propose les abonnements les moins coûteux de la division. Les places les plus chères sont à 15€, ce qui lui permet de compter presqu’autant d’abonnés qu’il n’y a de places dans le stade (5 100 socios). Cette politique tarifaire lui permet de s’assurer un stade constamment à guichets fermés, et surtout une popularité relative dans la région, en s’attirant de nouveaux fans au détriment du Real Saragosse, le géant local, à l’image de ce que pratiquent des clubs comme Levante ou Alavés, voisins de clubs populaires (Valence pour le premier, Bilbao pour le second). Comme un symbole, cette saison verra également Huesca concourir pour la première fois dans une division supérieure à celle du rival local, battu par Numancia en play-off. Tout sauf anodin.

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