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Pourquoi n'y a-t-il pas de club pro à Perpignan ?

Il suffit de regarder les équipes en Ligue 1 cette saison pour s’en rendre compte : la grande majorité d’entre elles représentent des villes figurant parmi les cinquante plus peuplées de France. Si toutes ces villes ne sont bien évidemment pas représentées, certaines d’entre elles ne comportent aucun club de football professionnel. Comment expliquer cette situation ? Premier épisode de cette série, avec le cas de Perpignan.



L'épopée de Canet en Coupe, parenthèse footballistique dans une ville de rugby


14 466. C’est le nombre d’âmes qui ont peuplé le stade Aimé-Giral de Perpignan dimanche 29 avril, lors de la demi-finale de Pro D2 (deuxième division de rugby) opposant l’équipe locale à Mont de Marsan. En dominant largement les Landais, l’Union Sportive Arlequins de Perpignan (USAP) s’est qualifiée pour la finale contre Grenoble, est s’est surtout donné le droit de rêver à un retour en Top 14, après quatre ans de purgatoire. Quatre longues années durant lesquelles la ville fut plongée dans un sommeil inhabituel, après 111 ans de présence continue dans l’élite du rugby français. Vous l’avez compris : Perpignan fait partie de ces cités qui vibrent pour le ballon ovale. Comme Toulouse, Toulon ou Clermont.


Comment le football survit dans une ville de rugby

La différence entre ces villes et Perpignan, c’est qu’en plus d’avoir un club de rugby parmi les plus titrés, le football y est relativement implanté. Certes, les affluences du Stadium ou de Gabriel-Montpied sont loin d’être les meilleures de l’Hexagone. Certes, le Sporting Club de Toulon est aujourd’hui tombé dans le monde amateur, mais a joué douze saisons dans l’élite et près de quarante dans son antichambre. Un luxe duquel la cité catalane ne peut se vanter.


L’équipe de football phare évolue en National 3, soit le cinquième échelon national. Ce club, le Canet Roussillon Football Club, est né de la fusion entre les équipes du Perpignan Football Catalan et de Canet en Roussillon en 2002. Un rapide clic sur ses médias digitaux montre le peu d’intérêt qu’il suscite auprès des Perpignanais, puisque le compte Twitter rassemble un peu moins de 700 abonnés (contre 81 000 pour l’USAP). Perpignan, ou comment une aire urbaine de 320 000 habitants peut avoir pour porte drapeau footballistique un club parfaitement amateur.


Mais malgré ce que les chiffres laissent croire, le football est loin d’être impopulaire en pays catalan. Le département des Pyrénées-Orientales compte à peu de choses près le même nombre de licenciés en football qu’en rugby (en cumulant XV et XIII). Surtout, le ballon rond a montré qu’il existait dans l’agglomération perpignanaise un soir de janvier 2018. Pour le compte des seizièmes de finale de Coupe de France, Canet recevait le Stade Malherbe de Caen. La réussite fut double. Tout d’abord sur le terrain, où les Canétois poussèrent les Caennais aux tirs au but, malgré les quatre divisions d’écart, avant de s’incliner. Ensuite en tribune, où près de 3200 personnes ont assisté au match, ne cessant de pousser les locaux vers un exploit duquel ils sont passés proche. Ce coup médiatique fut toutefois sans lendemain, et le CRFC continua dans l’ombre son bonhomme de chemin.


Un échec entre fusion et manque de subventions

Il existe pourtant une réponse simple à cette ombre, et elle réside dans la localisation du club de football principal. Située à dix kilomètres de Perpignan, la ville de Canet en Roussillon est désormais celle qui accueille le représentant footballistique majeur de l’agglomération. Pour trouver une explication à ce paradoxe, il faut remonter à la fin des années 1990. À cette période, le Perpignan Football Club domine la ville, mais est au plus mal (en Division d’Honneur). Pourtant, le club n’est pas inconnu sur la carte du football français, puisqu’il a fréquenté la Division 2 pendant trois saisons, entre 1994 et 1997. Ce court passage dans le monde du football professionnel a pourtant laissé des traces irréversibles sur le futur du football à Perpignan.


En ayant les yeux plus gros que le ventre, les dirigeants du PFC affichent fièrement un « objectif D1 » dès la montée en D2, et investissent en masse dans l’arrivée de joueurs reconnus à cette époque (comme Pascal Despeyroux, ancien international). Or, les coûts financiers sont trop élevés pour un club qui vient à peine de se structurer, d’autant plus que la saison 1996-1997 est difficile sur le plan sportif. Relégué en troisième division sur le terrain, le Perpignan Football Club sombre en coulisses, et est rétrogradé en Division d’Honneur par la DNCG (avec un trou de près de 38 millions de francs, soit 6 millions d’euros). Tout est à refaire pour une région qui pensait enfin avoir pris le bon wagon du football professionnel.


En 2002, le club se résout donc à fusionner avec le Canet en Roussillon Football Club, après plusieurs années de galère en DH. Appuyée par les mairies des deux communes, cette fusion a vocation à créer un nouvel engouement en rassemblant les deux équipes les mieux classées du Roussillon. Si l’idée est belle sur le papier, la pratique rend les choses nettement plus compliquées. Le club stagne durant de longues années au niveau régional, sans montée ni descente. Le Perpignan Canet Football Club touche même le fond et descend en Division d’Honneur Régionale (7ème division) en 2014. Voyant son projet de « grand club des Pyrénées Orientales » voué à l’échec, la mairie de Perpignan décide de se retirer, et laisse la ville de Canet en Roussillon gérer seule son propre club. Un retrait finalement bénéfique pour Canet, qui avec deux montées successives évolue désormais en National 3, et vise la montée en National 1 à moyen terme.


Le problème, c’est que ce retrait de la ville de Perpignan n’a pas été compensé par de nouveaux investissements dans le football local. Car entre temps, et voyant les pouvoirs locaux s’orienter vers Canet en Roussillon, de plus en plus de clubs de quartier se sont créés pour permettre aux jeunes de la ville de pratiquer le football. Bien évidemment, cette dispersion des forces et du peu d’argent injecté par la mairie n’a pas favorisé le développement d’un club d’envergure, capable de jouer au niveau national. Voyant l’échec d’un club de football professionnel, la mairie préfère investir sur les deux équipes de rugby : l’USAP (à XV), qui a l’occasion de rejoindre le Top 14 demain, et les Dragons Catalans (à XIII), qui figurent parmi l’élite européenne. Même le basketball, dont l’équipe féminine de la ville évolue en troisième division, a désormais les faveurs de la mairie.


Dans ces conditions, l’apparition de Perpignan sur la carte du football professionnel français semble compliquée, et surtout conditionnée à plusieurs facteurs. Tout d’abord, cela semble impossible tant que le club de Canet a les faveurs des investisseurs locaux, car le potentiel financier et structurel se situe davantage sur la ville de Perpignan. Ensuite, il semble compliqué de combiner trois clubs professionnels de haut niveau (en plus des Dragons Catalans et USAP) dans une ville moyenne. Le football perpignanais est donc aujourd’hui dans l’impasse, et semble voué à le rester si la situation n’évolue pas. Une situation bien triste pour les nombreux fans de football de Perpignan, que même la proximité géographique avec Barcelone n’arrive pas à consoler.

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