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Marignane, voisins de troisième division

  • Photo du rédacteur: PassionBallon
    PassionBallon
  • 19 juil. 2018
  • 5 min de lecture

Promu en National pour la première fois de son histoire, le club de Marignane-Gignac va être confronté à un double défi. Sportif tout d’abord, pour tenter d’éviter la relégation express en National 2. Au niveau du public également, car le club doit faire face à un voisin aussi prestigieux qu’encombrant : l’Olympique de Marseille.






Avec 18 buts la saison passée avec son club mexicain des Tigres, Dédé Gignac va bien, merci pour lui. Et ne vous y trompez pas si vous observez un club à son nom en National l’an prochain : non, l’international français n’a pas rebaptisé à son effigie l’équipe de Marignane Gignac, promue en National cette saison. En revanche, l’attachement qu’apporte l’ancien toulousain à ce club ne fait aucun doute. Et pour cause, la ville de Marignane ne se situe qu’à quelques encablures de Martigues, cité natale et club formateur d’André-Pierre Gignac.


Né de la fusion entre les clubs de Marignane (alors en CFA) et Gignac (en DHR) en 2016, le MGFC a gagné sur le terrain le droit de jouer en troisième division pour la première fois de sa courte histoire en devançant l’historique SC Toulon à la dernière journée. Une anecdote fait cependant de ce club un cas unique en France (et probablement dans le monde), puisqu’il a pour particularité d’avoir joué une saison en deuxième division sans être passé par notre troisième division nationale. Une curiosité qui date de la saison 1965-1966, et qui a pour explication un fait pour le moins cocasse. Alors en pleine refonte de ce qui était alors appelé Division 2, la Ligue de Football décide d’intégrer un club amateur afin de compléter le championnat. Préparé pour disputer une nouvelle saison de Promotion d’Honneur, l’US Marignane se retrouve promu en deuxième division, pour la simple et bonne raison que le club est le seul de tout le Sud-Est à disposer d’éclairages suffisants pour disputer des matchs en nocturne ! Marignane adopte ainsi le statut professionnel, et découvre la joie des derbys contre l’OM, également en D2. Après une saison logiquement difficile, l’USM termine bon dernier et abandonne le statut pro pour retrouver ses premiers amours : le foot amateur.


Trafic d'affluence dans les Bouches du Rhône

Ainsi, et après plus de soixante ans rythmés par les derbys contre les équipes de la région, Marignane accède enfin au National en mai dernier. Une accession vue comme un accomplissement, après dix ans passés en CFA à tenter de gagner sa place pour l’étage supérieur. Il aura ainsi fallu attendre la fusion avec le club voisin de Gignac pour voir un sixième club des Bouches du Rhône évoluer le National sur les dix dernières années (un record). Après Istres, Martigues, Cassis-Carnoux, Arles et Marseille Consolat, le National accueille Marignane-Gignac. Outre qu’elles soient toutes situées dans un rayon d’une centaine de kilomètres, ces cinq clubs possèdent un point commun : ils évoluent aujourd’hui toutes dans une division inférieure au National. Martigues et Consolat jouent en National 2, Istres en National 3. Encore en Ligue 2 en 2015, Arles-Avignon s’apprête à commencer la saison en Régional 2, tandis que Cassis-Carnoux n’existe plus.


Ce constat s’explique par une raison simple : il est aujourd’hui très difficile d’exister dans l’ombre de l’Olympique de Marseille sans une identité forte. Club historique, sans doute le plus supporté de France (mais probablement le plus détesté aussi), l’OM ne laisse personne indifférent. Il est difficilement concevable de naitre dans la région de Marseille et de vibrer pour un autre club, même si c’est celui de sa ville. Certes, une poignée de spectateurs venaient garnir les travées de ces clubs lorsqu’ils évoluaient à un niveau plus élevé. Mais devant l’engouement et la passion que génère l’OM, il semble impossible de parvenir à faire de ces spectateurs des vrais supporters. Dans ce sens, l’affluence du Stade Parsemain d’Istres est équivoque. Professionnel durant deux décennies (de 1993 à 2015), le club n’a jamais réussi à fidéliser des fans malgré plusieurs opérations de communication. Les rares clubs de supporters ne comptaient qu’une vingtaine de membres, et le stade de 17 000 places n’a jamais été rempli. Le record d’affluence date de 2005, lors de la seule saison du club en Ligue 1, et n’est que de 7 000 spectateurs. Le constat est le même pour les autres clubs de la région, comme Istres ou Martigues. Malgré une identité de « club de quartier » revendiqué, Marseille Consolat n’attirait rarement plus de 300 spectateurs.


À ce niveau-là, le défi qui attend Marignane-Gignac est énorme. Le club aura néanmoins un avantage considérable : il sera le seul représentant de la région en lice en National. Cela signifie donc que la concurrence pour attirer des fans sera moins difficile qu’auparavant, et que des supporters martégaux ou istréens pourraient venir encourager le club plus facilement, et peupler le stade Saint Exupéry. D’une capacité de 1 900 places, il ne comporte qu’une seule tribune, et suit la fâcheuse tendance locale. L’an dernier en National 2, le stade connaissait un taux de remplissage d’un peu plus de 10%, attirant tout au plus 300 spectateurs. Si la montée devrait ramener plus de monde, difficile d’espérer atteindre le millier de spectateurs. Et pourtant, le potentiel existe : l’arrondissement (prenant en compte les communes autour de l’étang de Berre, dont Marignane) abrite près de 300 000 personnes. Une donnée suffit pour traduire ce manque d’engouement : Marignane-Gignac ne compte pas plus de 200 abonnés sur Twitter. Si elle peut paraitre tirée par les cheveux, cette interprétation est tout de même criante de l’indifférence dans laquelle grandit le club.



Le Stade Saint Exupéry de Marignane


Afin de palier à cet obstacle, Marignane a énormément développé sa communication autour du stade pour inciter les supporters à venir peupler son stade. Les prix sont attractifs (places à 5€ debout, 8€ en tribune), et les abonnements gratuits pour les moins de douze ans. Une façon comme une autre d’attirer un public dans une zone tout de même assez pauvre : le taux de chômage (15%) est nettement pus élevé que la moyenne nationale, tandis que le salaire moyen y est quant à lui bien plus faible (20 000€ par an). Coïncidence ou pas, la commune est la deuxième à avoir le plus voté pour Marine Le Pen lors des élections présidentielles de 2017 (43%), et se situe à quelques encablures de Vitrolles, fief historique de Bruno Mégret. Située entre la zone industrielle de Fos-sur-Mer et la métropole marseillaise, Marignane est également connue pour accueillir l’aéroport de Marseille-Provence, l’un des plus grands de France. Seul club du quart Sud-Est engagé en National, le MGFC va devoir gérer ses nombreux déplacements vers la partie Nord en se servant de cet outil situé sur son sol. Encore faudrait-il que le promu en ait les moyens, lui qui devrait figurer parmi les plus petits budgets de la division. Dans le cas contraire, Marignane-Gignac découvrira, en même temps que le National, les joies d’un déplacement de 1 100 kilomètres en bus, pour rejoindre Concarneau ou Dunkerque.

 
 
 

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