top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurPassionBallon

Pourquoi QRM ne pouvait pas fonctionner

Dernière mise à jour : 6 déc. 2018


Éphémère club de Ligue 2 la saison passée, Quevilly-Rouen Métropole ressemblait à une belle idée d’un club qui avait tout pour réussir, avant de lamentablement chuter. Chronique d’un échec annoncé.





D’un côté, le FC Rouen. Club historique fondé en 1899, l’équipe chère à François Hollande a connu l’élite à dix-neuf reprises et le statut professionnel sans discontinuer durant plus de soixante ans, de l’avant-guerre aux années 90. Si la progression du FCR semblait stable et linéaire lors du siècle passé, de nombreux soucis financiers ont contraint le club à déposer le bilan à trois reprises lors des vingt dernières années. Ainsi, Rouen n’a plus connu la Ligue 2 depuis 2003, et évoluait en DH en avril 2015. De l’autre, l’US Quevilly. Club de la banlieue populaire du même nom, l’USQ a toujours été un habitué des divisions amateurs du football français. Pour autant, le nom de ce club semble familier pour la plupart des amateurs de ballon rond, puisque Quevilly s’est construit une réputation en effectuant plusieurs parcours héroïques en Coupe de France (finaliste en 2012). Club formateur par excellence, l’USQ n’a cessé de progresser au tournant des années 2010, naviguant entre National et CFA.


Une fusion qui n'en est pas vraiment une

Au milieu de ces deux clubs qui n’ont a priori rien à voir outre leur localisation géographique, se trouve une problématique appliquée à bon nombre de grandes villes françaises : comment implanter solidement au plus haut niveau un club de football ? La métropole rouennaise le sait : un club de football professionnel constitue une belle vitrine à l’échelle nationale voire internationale, et voir l’équipe fanion croupir dans les divisions inférieures du football français est tout sauf une belle publicité. Douzième aire urbaine de France, l’agglomération de Rouen compte plus de 670 000 habitants sevrés de football de haut niveau. En avril 2015, les deux clubs décident alors de se rendre à l’évidence : il faut se rapprocher pour éviter d’éparpiller des subventions en baisse. En effet, la réforme territoriale est en cours d’application, et la grande région Normandie semble peu encline à renflouer les caisses des clubs de football n’ayant pas de statut professionnel. Pourtant, ces subventions sont indispensables pour parvenir à boucler les budgets du FCR (DH) et de l’USQ (CFA). Déjà évoquée depuis plusieurs années, la fusion est actée le 20 avril 2015, et a tout de la bonne idée sur le papier. En effet, la métropole rouennaise voit d’un très bon oeil la formation d’une grande structure à même de jouer les premiers rôles, et lui accorde une subvention record de 200 000 €. Sur le terrain, tout va pour le mieux : le club qu’il faut désormais appeler « Quevilly-Rouen Métropole » accède au National puis à la Ligue 2 en deux ans, et rêve d’un destin similaire à Arles-Avignon ou Evian-Thonon-Gaillard.



Le stade Robert-Diochon, au centre du litige


Si l‘histoire a tout de l’idylle, croire que le match entre l’USQ et le FCR s’est fait sans heurts semble illusoire. En effet, à y regarder de plus près on s’aperçoit que cette fusion n’en est en réalité pas vraiment une. La métropole mise sur Quevilly pour être à la base du projet. Alors que le club est en route pour monter en National, utiliser l’image d’un club finaliste de la Coupe de France s’avère bien plus vendeur, et surtout bien moins risqué que de s’appuyer sur un club en DH. Le problème, c’est que l’USQ possède une enceinte qui n’est pas aux normes pour le football professionnel. Le stade Lozai ne peut accueillir que 300 spectateurs assis, une misère pour un club qui entend se mêler aux mastodontes français. Alors, la métropole se tourne vers le FC Rouen et son stade Robert-Diochon, structure historique dans laquelle se sont joués de nombreux matchs de première division et d’une capacité de 12 000 places. Le stade appartenant à la métropole, celle-ci a totalement le droit d’en accorder l’utilisation à QRM. Sur le logo du club figurent les écussons historiques de l’USQ et du FCR, avec en arrière plan les couleurs historiques des deux entités : le jaune et le rouge. Naturellement, les maillots de la nouvelle équipe arborent également ces deux couleurs. L’US Quevilly emprunte le stade et le logo du FC Rouen… et c’est tout.


Vive l'US Quevilly, vive le FC Rouen

Le FC Rouen continue en effet d’exister en Division d’Honneur, sous ses vraies couleurs cette fois. Lors de la saison 2015, il évolue dans la même poule que la réserve de QRM, ce qui donne lieu à une situation assez cocasse. En dépit d’un rapprochement avéré, la structure du FCR continue de jouer indépendamment, et cela ne va pas sans déplaire aux supporters historiques. « En Normandie, la ville de foot c’est Rouen. Devant Le Havre ou Caen », indique le journaliste Arnaud Tulipier. Il faut dire que le FCR a toujours eu des affluences correctes, même dans les divisions inférieures, et compte depuis plusieurs décennies sur une grande base de supporters actifs. Et Arnaud Tulipier de poursuivre : « Une fusion était inenvisageable, car il aurait fallu l’accord des deux entités, ce qui ne serait jamais passé auprès du FCR. Il est certain que le stade Diochon est historiquement celui du FC Rouen, et il avait été question que le FCR ne puisse plus y jouer. Quevilly n’a aucune histoire commune avec Diochon, c’est un fait ». Mobilisés contre ce rapprochement, les supporters historiques du FC Rouen boycottent les matchs de QRM, et peuplent en masse le stade Diochon lors des matchs de DH. C’est ainsi qu’il n’est pas rare de voir une meilleure affluence pour une rencontre de sixième niveau, avec parfois plus de 3000 personnes, que pour des rencontres de National ou Ligue 2. Car si la base de supporters de QRM provient de l’ancien US Quevilly, cela reste trop faible pour peupler les tribunes d’un stade Diochon qui sonne souvent creux.


En Ligue 2 la saison passée, QRM s’est retrouvé face aux limites d’une équipe sans réel public ni soutien populaire. Là où des concurrents direct pour le maintien comme Lens, Nancy voire à un degré moindre le Gazéléc Ajaccio ont été poussés par des supporters toujours présents, les habitués de Robert Diochon désertaient le stade à mesure que les défaites s’enchaînaient. Logiquement relégué en National, QRM doit revoir son projet. Surtout, l’échec annoncé du rapprochement a été actée dès le mois de novembre 2017, alors que la relégation du club n’était pas encore d’actualité. Sans doute les faibles affluences ont-elles pesé dans la fin du projet, d’autant que personne ou presque ne semble s’attrister de la chute de QRM. Jouant désormais dans le troisième échelon national, le club évolue toujours à Diochon mais ses affluences n’en finissent plus de chuter. N’avouant qu’à demi-mot son échec, la métropole de Rouen propose des réductions assez incroyables, offrant régulièrement des places histoire de masquer un désintérêt notable. Sportivement, QRM est bien placé (cinquième de National), et semble être en mesure de viser la montée. Rien d’alarmant donc, d’autant que le club conserve son statut pro jusqu’à la fin de la saison 2019-2020.


Cependant, il semble légitime de se demander si Quevilly Rouen Métropole n’aurait pas à gagner à abandonner le stade Robert Diochon et ce logo si particulier pour revenir à la base du football. Cela enterrerait définitivement un projet monté de toute pièce par une métropole soucieuse de son image plus que de respecter un siècle d’histoire et de passion véhiculée par des milliers de personnes. Une telle décision ravirait à coup sûr l’intégralité des amateurs de football. Pris en exemple plus haut, les exemples d'Arles-Avignon ou de l'ETG ont fonctionné sportivement sur une période extrêmement courte, avant de se rendre compte que le manque d'identité était  trop important pour subsister au plus haut niveau. Désormais, le Thonon-Evian FC évolue en Régional 2, et l'AC Arles en Régional 1. L'AC Arles-Avignon et l'Evian-Thonon Gaillard FC figurent quant à eux parmi les livres d'histoire. De là à y retrouver Quevilly Rouen Métropole d'ici quelques mois ? Ce serait le rêve de bon nombre de supporters.

172 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Tu es intéressé par les articles de PassionBallon ?

N'hésite pas, et abonne toi pour recevoir les nouvelles actualités en avant première !

bottom of page